Un vol bien suspect ♥ [Feat Laïa]

Laïa se réveilla en sursaut. Quelqu'un toquait bruyamment à sa porte, et lui priait d'une voix dure de lui ouvrir. C'était la voix du garde, qui annonçait qu'il était l'heure de se lever et qu'en plus, Lloyd Reed désirait lui parler. Lorsqu'elle entendit son nom, son coeur fit un bond. Elle lui avait, la veille, piqué une veste et il devait savoir que c'était elle qui lui avait joué ce tour. Alors elle l'enfila par-dessus son large tee-shirt qui lui servait de chemise de nuit, ouvrit la porte en la claquant sur le nez du garde et prit la fuite.

Il faisait encore frisquet dans les couloirs, au vu de l'heure matinale, aussi elle s'emmitoufla un peu plus dans la veste bien trop grande pour elle qu'elle venait de piquer à Lloyd. La taille de ce dernier était bien supérieure à la sienne, ainsi elle se retrouvait à flotter dedans, cela la rendait encore plus petite, entretenant cet air maladroit qu'elle avait sur le visage. Elle déambulait en sautillant gaiement dans le couloir principal, jouxtant la salle commune, qu'elle supposât vide puisqu'il n'en émanait aucun bruit, aucunes paroles. Laïa s'arrêtant un instant devant la porte imposante qui se trouvait devant elle. Était-ce une bonne idée d'y entrer ? Lloyd s'y trouvait sûrement. Sans doute la sermonnerait-il et elle n'en avait aucune envie. Elle baissa la tête en faisant la moue, avant de finalement s'asseoir contre le mur, se laissant glisser le long de celui-ci. Elle leva la tête, tenant ses jambes entre ses bras, l'air songeuse, toujours blottie dans la veste de son supérieur, pouvantt ainsi sentir son odeur. Elle la trouva extrêmement rassurante, mais pourtant elle afficha une expression dont se détachait une mince tristesse. Pourquoi l'avait-il empêchée de se battre à ses côtés, la veille ? Pourquoi l'avait-il écartée du champ de bataille ? Bien sûr elle ne raffolait pas de missions de ce genre, elle préférait l'espionnage aux combats et surtout n'aimait pas être confrontée à la mort. C'est vrai, leur victoire n'était pas sûre, sans doute avait-il voulu la préserver ? Cette pensée la rassurait et modérait sa colère pourtant toujours présente, c'est pourquoi elle avait chipé un peu plus tôt son habit, afin de lui montrer son mécontentement. Qu'était Laïa, sinon une gamine capricieuse ? Elle ne faisait vraiment pas ses dix-neuf ans. Et dire que Lloyd en avait vingt-et-un, seulement deux ans de plus qu'elle et il était déjà si mature ! Elle l'enviait sous tous les points, il était vraiment brillant et véritablement digne d'admiration.

Elle entendit soudain le bruit de bottes claquant contre le sol provenir du couloir, un peu plus loin. Aussitôt elle se cacha du mieux qu'elle put derrière un meuble, dissimulant sa présence à l'inconnu. Elle n'osa pas lever la tête pour identifier la personne qui s'approchait ; elle préféra attendre, aussi, elle sortit de sa cachette dès qu'elle entendit la porte de la salle commune se refermer. Elle s'approcha de celle-ci hésitante. Elle n'allait pas le fuir toute la journée non plus. Elle avait cru reconnaître le bruit des bottes de Lloyd, mais n'en était pas certaine. Elle colla son oreille contre le bois épais de la lourde porte, et déduit à ce qu'elle entendait, que la dite personne venait de s'asseoir : en effet ses pas s'étaient arrêtés et en plus, elle avait ouï le grincement d'une chaise que l'on tirait en éraflant le sol. Elle prit une grande inspiration et ouvrit silencieusement la porte, se faufila dans la pièce avec une discrétion peu commune et dont elle était une des seules à faire preuve, lorsqu'elle se concentrait.

Elle s'arrêta tout de suite une fois dans la pièce, et aperçut, la tête entre les mains et le dos recourbé, son supérieur direct assis à une table. Son expression avant intriguée et angoissée de lui faire face reprit un certain calme, la tendresse qu'elle éprouvait la forçant sans qu'elle s'en rende compte à marquer un sourire plutôt naïf sur son jeune visage. Elle continua de le détailler du regard, ils n'étaient séparés que par quelques mètres mais il semblait tellement dans ses pensées qu'elle jugea qu'il ne pouvait pas se rendre compte de sa présence. Elle resta ainsi un moment ; il avait l'air épuisé, presque abattu alors qu'ils avaient remporté le combat, la victoire était de leur côté et pourtant il lui parut presque inquiet. Elle porta sa main à sa bouche, laissant pendre la longue manche de la veste de Lloyd. Peut-être était-ce elle qui lui causait de tels tracas ? Elle regarda les manches trop grandes d'un air hésitant. *Je ferais mieux de lui rendre...* Elle dissimula au mieux sa présence et avança à petits pas jusqu'à se retrouver derrière Lloyd. Elle approcha ses lèvres de son oreille gauche ; il paraissait tellement concentré qu'il ne l'avait sans doute pas remarquée, ce serait drôle de le prendre par surprise !

- Coucou ! Lança-t-elle d'un ton qui se voulait infiniment joyeux. Bien dormi ?

Et elle s'assit sur la table, se révélant à lui, nageant dans sa veste. Afin de le narguer, elle s'amusa à bouger les mains pour mettre en mouvements les manches pendantes de son vêtement, comme si elle cherchait à lui dire : "Coucou, c'est le tien, t'as vu, c'est moi qui l'ai !". Elle le fixa de ses yeux blancs et interrogateurs, ne pouvant dissimuler son sourire malicieux ; elle attendit de voir sa réaction.

Le jeune homme, tellement perdu dans ses pensées, n'entendit pas le moins du monde arriver la petite chipie derrière lui. La voix soudaine qui résonna dans la pièce eu pour effet de faire relever Lloyd, une main à la garde de son épée. Puis quand il aperçu Laïa, il eu un grand sourire... Avant de se souvenir qu'il l'avait fait appeler pour la gronder! Prenant un air un peu plus sérieux, il détailla la veste qu'elle portait... Décidément, elle était incorrigible, c'était donc bien elle qui l'avait chapardée. Il poussa un soupir.

-Laïa, je te l'ai pourtant déjà dit maintes fois . . . Ce n'est pas parce que je t'ai nommée comme une de mes capitaines que tu as tout les droits . . . Et certainement pas celui de fouiller dans ma chambre sans cesse pour y subtiliser ce que bon te semble, comme ma veste . . . Il poussa un autre soupir, malgré toute sa volonté, il ne pouvait pas rester sévère et un sourire naquit sur ses lèvres devant l'air débraillé que donnait sa veste, bien trop grande pour elle. Pas vraiment, tu devrais pourtant savoir, depuis le temps, je ne dors que rarement bien après une mission. Cette fois-ci, ce n'est vraiment pas passé loin, si on avait été un peu moins chanceux, ou plus lent d'une minute, on ne serait sans doute plus ici, mais bien écrasés par l'armée royale... Il alla ensuite à coté de la jeune fille et lui ébouriffa la tête Tu ne penses pas que tu devrais me rendre ma veste, tu flottes un peu trop dedans, et même si ça te donne l'air adorable avec ton petit sourire malicieux, tu as l'air encore plus empotée que d'habitude!

Il fit quelque pas ensuite, évitant les vestiges de la veille. Oui, décidément, il n'arrivait pas à rester suffisamment sérieux pour la gronder comme il le faudrait, pas comme son frère qui lui pouvait gronder sur tout et n'importe quoi... Il finit par s'accouder à la table, à coté de la jeune fille. Regardant les détails du plafond, il reprit la parole

-Je suposse que tu dois m'en vouloir d'être parti en mission, sans te prévenir. Mais je ne voulais pas que tu sache où j'allais ni la nature de la mission, sinon, tu nous aurais sans doute suivi, te connaissant. Je ne voulais pas non plus d'impliquer dedans. Tu comprends, ce n'est pas que je doute de tes talents, loin de là, mais je me suis dit, qu'il valait mieux que tu reste en ces lieux. On ne sait jamais quand une mission importante peut arriver. Et puis, il me faut toujours au moins un capitaine dans le repaire, qu'il puisse me faire un rapport de ce qui s'y passe. Et il faut toujours un qui soit opérationnel. Au cas ou il arriverait malheur aux autres et à moi, pour reprendre le travail le temps que le conseil se réunisse et décide du nouveau Fang. Et puis je m'en serais voulu d'amener un si joli minois dans une mission si risquée tu sais! Finit-il avec la ferme intention de la taquiner aussi un peu

Il se tourna ensuite vers elle et lui sourit. Oui, c'était les raisons officielles, qui devaient bien sur être remplies, mais aussi, une autre raison, qu'il préférais omettre et ne pas s'avouer. Il ne pourrait simplement pas se pardonner s'il arrivait malheur à la jeune fille. Il s'y était attaché à force. Son sourire espiègle et ses sournoiseries. Sa vie serait bien morne sans ça. Et il s'en voudrait toute sa vie de n'avoir pu la sauver...

S'attendant à voir une réaction pour le moins amusante de la part de Lloyd, celle(ci effraya finalement Laïa, qui n'avait pas prévu cela le moins du monde. Il s'était levé en un mouvement si brusque qu'on aurait cru qu'il cherchait à se défendre d'un ennemi, la main à la garde de son épée, prête à la saisir. Laïa se vexa, il n'était même pas capable de reconnaître sa voix ?! Puis finalement, elle lui pardonna bien vite en apercevant le radieux sourire qu'il lui adressait. C'était vrai, Lloyd était fatigué après tout, ce genre de réaction était normale lors d'un état poussé de fatigue.

L'expression du visage de son supérieur se durcit en arrivant au niveau de la veste qu'elle portait. Il poussa un soupir. Il y a avait de la réprimande dans l'air... sa gorge se noua, elle n'aimait pas se faire sermonner par Lloyd. Jamais, et cette fois-ci c'était encore pire car elle lui en voulait un minimum. Elle attendit donc sa version des faits, conscience qu'elle aussi en avait beaucoup, voire plus que lui, à se reprocher.

- Laïa, je te l'ai pourtant déjà dit maintes fois . . . Ce n'est pas parce que je t'ai nommée comme une de mes capitaines que tu as tout les droits . . . Et certainement pas celui de fouiller dans ma chambre sans cesse pour y subtiliser ce que bon te semble, comme ma veste . . .

Laïa baissa le regard face à cette accusation. Elle ne pouvait rien nier, il avait raison, elle avait tort. C'était très clair, et elle commençait à terriblement s'en vouloir d'avoir été si puérile. Pourquoi donc avait-elle fait ça ? Il lui aurait suffi d'aller lui dire sa façon de penser... Mais Laïa haïssait remettre en question les choix de son supérieurs. Bien qu'elle contestait celui-ci, elle n'aurait pu se résigner à lui dire en face. Il soupira une deuxième fois. Encore un autre sermon ? Le visage de Laïa se crispa, mais lorsqu'elle se risqua à rouvrir les yeux elle découvrit un joli sourire ancré sur les lèvres de Lloyd.

- Pas vraiment, reprit-il afin sans doute de répondre à sa question, tu devrais pourtant savoir, depuis le temps, je ne dors que rarement bien après une mission. Cette fois-ci, ce n'est vraiment pas passé loin, si on avait été un peu moins chanceux, ou plus lent d'une minute, on ne serait sans doute plus ici, mais bien écrasés par l'armée royale...

Sa grande main vint caresser la tête de la jeune fille, lui ébouriffant les cheveux d'un geste simultané. Elle appréciait grandement ce qu'il venait de faire, mais elle repoussa timidement sa main en le regardant d'en bas ; ses joues s'empourpraient trop pour qu'elle le laisse faire.

- Tu ne penses pas que tu devrais me rendre ma veste, tu flottes un peu trop dedans, et même si ça te donne l'air adorable avec ton petit sourire malicieux, tu as l'air encore plus empotée que d'habitude !
- Em... Empotée ? Répéta-t-elle. Mais... mais c'est méchant ! Se plaignit-elle d'un ton gémissant. Et puis d'abord... je n'ai pas du tout envie de te la rendre !

Pourtant, Lloyd sembla soudain ne pas accorder d'importance aux paroles de sa jeune subordonnée. Parce qu'il l'ignorait, en plus ?! Il s'avança, se rapprochant par là de la table, et s'il maintint, le visage plus grave. Ça y est, il était redevenu sérieux. De quoi allait-il lui parler cette fois ?

- Je suppose que tu dois m'en vouloir d'être parti en mission, sans te prévenir. Mais je ne voulais pas que tu sache où j'allais ni la nature de la mission, sinon, tu nous aurais sans doute suivi, te connaissant. Je ne voulais pas non plus d'impliquer dedans. Tu comprends, ce n'est pas que je doute de tes talents, loin de là, mais je me suis dit, qu'il valait mieux que tu reste en ces lieux. On ne sait jamais quand une mission importante peut arriver. Et puis, il me faut toujours au moins un capitaine dans le repaire, qu'il puisse me faire un rapport de ce qui s'y passe. Et il faut toujours un qui soit opérationnel. Au cas ou il arriverait malheur aux autres et à moi, pour reprendre le travail le temps que le conseil se réunisse et décide du nouveau Fang. Et puis je m'en serais voulu d'amener un si joli minois dans une mission si risquée tu sais!

Laïa eut besoin de réfléchir un instant, ignorant quasiment la dernière phrase énoncée. Sa tirade l'avait particulièrement émue, mais plus elle y réfléchissait et plus elle sentait ses yeux s'humidifier. Elles parvint à sortir les quelques mots qu'elle avait sur le coeur d'une voix tremblante, en baissant la tête pour qu'il ne voie pas qu'elle était au bord des larmes et qu'elle s'efforçait justement de les retenir.

- Je pensais que... tu ne me faisais pas confiance et que c'était pour ça que tu m'avais écartée de la mission, commença-t-elle d'un mince filet de voix, marquant ensuite une pause. Je t'avais pourtant juré... que je voulais me battre à tes côtés ! Reprit-elle en haussant le ton. Cependant je sais bien... que tu voulais me préserver. Je le sais bien, et ça me fait plaisir... mais arrête donc de me prendre pour une gamine ! Qu'est-ce que je ferais, moi, si je devais te perdre ?! Déclara-t-elle en levant vers lui ses yeux à présent emplis de larmes.

Elle baissa à nouveau la tête, honteuse d'avoir montré tant d'émotions, honteuse d'avoir pleuré pour quelque chose d'aussi insignifiant. Mais elle s'était faite un tel sang d'encre, la veille ! Elle avait eu tant de mal à trouver le sommeil, tant elle avait eu peur pour lui ! Bien sûr qu'elle avait foi en ses compétences, mais elle était aussi consciente de l'intensité de la force de frappe ennemie. Laïa avait réellement eu très peur et elle laissait enfin exploser ce sentiment qu'elle avait refoulé jusque là. Si elle devait le perdre, elle ne s'en remettrait jamais... elle aurait voulu s'assurer qu'il ne lui arrive jamais rien, mais comment le pouvait-elle alors qu'elle était si faible en combat rapproché ? Lloyd le savait bien. Il savait tout ça, il la connaissait et Laïa en était consciente. Mais ses sentiments étaient tellement contradictoires qu'elle n'arrivait plus à penser correctement. Elle ne prit même pas la peine d'essuyer les quelques larmes qui se faufilaient encore sur ses joues, se contentant de resserrer ses poings qu'elle avait au préalable refermés sur la veste de Lloyd, afin d'évacuer la tension qui montait en elle.

Le jeune homme ne put rester sans rien faire en voyant les larmes venir à Laïa. Certes il la comprenait, mais jamais au grand jamais il ne l'aurait écartée d'une mission par manque de confiance. Quand il la voyait comme ça, elle réveillait en lui un sentiment qu'il n'avait pas eu depuis l'arrivée d'une autre jeune fille dans leurs rangs. Il ne savait pas trop bien où elle était maintenant, mais il l'avait considérée comme sa sœur, ce qui pouvait techniquement être exact vu qu'elle était la soi-disant la fille de cette Sonia, bien qu'il était évidant à ses yeux que ce n'était pas le cas. Tout cela lui traversa la tête en un éclair, pendant que la jeune fille lui disait ce qu'elle semblait contenir depuis un bout de temps.

-Je pensais que... tu ne me faisais pas confiance et que c'était pour ça que tu m'avais écartée de la mission. Je t'avais pourtant juré... que je voulais me battre à tes côtés ! Cependant je sais bien... que tu voulais me préserver. Je le sais bien, et ça me fait plaisir... mais arrête donc de me prendre pour une gamine ! Qu'est-ce que je ferais, moi, si je devais te perdre ?!

Lloyd sourit doucement à la jeune fille, qui semblait devoir évacuer un certain stress qui s'était accumulé en elle. Ses mains s'étaient resserrées sur sa veste. Lorsqu'elle baissa la tête, laissant ses larmes couler seules, le jeune homme passa doucement une main sur la joue de la jeune fille pour lui essuyer ses larmes qui glissait doucement. Puis, il la prit dans ses bras, caressant doucement son dos, la laissant poser sa tête sur son torse.

-Allons allons, tu sais bien que je te fais autant confiance, sinon plus encore qu'à mes autres subordonnés, ne te met pas de fausses idées en tête. Dit-il en lui caressant doucement les cheveux. Ce ne sont pas les occasions de se battre qui manqueront tu sais. Je ne te prends pas pour une gamine, enfin un peu, je dois l'avouer quand tu chapardes mes affaires, mais je ne t'en veux pas vraiment tu sais ! Et si jamais je devais tomber sur un champ de bataille, je voudrais que tu continues ta vie, que tu vives heureuse, que tu n'essayes pas de me venger, un frère qui risquerait sa vie déjà pour ça, c'est de trop, alors je ne voudrais pas que tu t'implique dans ce genre de choses. Si je ne devais plus être, ce qui me ferait plaisir, c'est que tu continue ta vie, que tu trouve une autre personne à taquiner, voir même un amoureux avec lequel tu pourrais vivre pleinement, je ne voudrais pas que tu me pleures sans arrêt...

Il la serra contre lui, lui laissant le temps de se calmer, de pleurer de tout son saoul. Il appréciait réellement la jeune fille, et quand il avait sentit si fragile, à l'instant, il avait agit sans réfléchir. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais il voulait la protéger encore et toujours. Il poussa un petit soupir avant de reprendre la parole d'une voix douce.

-Et puis, si ça peut te rassurer, je ne mourrais pas aussi facilement, je te le promets. Je fais toujours en sorte d'avoir un minimum de chance de pertes, et il est hors de question que j'abandonne mes hommes . . . Et toi encore moins . . . Tu sais que je suis prudent pourtant. Et je ne voudrais pas te faire pleurer encore. Si tu veux, pour ma prochaine mission, tu pourras venir et rester à mes cotés. Alors arrête de pleurer et sourit ...

Il la lâcha pour pouvoir essuyer les dernière trace de larmes en lui souriant.

Laïa laissait ses larmes se déverser une à une, gouttant sur la longue veste de son supérieur qu'elle ne lui avait toujours pas rendue. Lloyd essuya d'un revers de la main les petites gouttelettes qui se faufilaient sur les joues de la jeune femme, silencieusement. Laïa avait encore trop honte de ce qu'elle venait de dire pour le regarder en face. C'était vrai pourtant, sans Lloyd, sa vie serait différente, et elle était persuadée qu'elle serait surtout bien plus triste et sombre. L'étreinte réconfortante que lui offrit ce dernier en la serrant contre lui lui fut bénéfique au plus haut point. Lloyd avait bien chaud et Laïa appréciait de se retrouver dans ses bras. Il lui frotta le dos de ses grandes mains d'homme tandis que les larmes séchaient sur le visage de sa petite protégée.

- Allons allons, tu sais bien que je te fais autant confiance, sinon plus encore qu'à mes autres subordonnés, ne te met pas de fausses idées en tête. Ce ne sont pas les occasions de se battre qui manqueront tu sais. Je ne te prends pas pour une gamine, enfin un peu, je dois l'avouer quand tu chapardes mes affaires, mais je ne t'en veux pas vraiment tu sais ! Et si jamais je devais tomber sur un champ de bataille, je voudrais que tu continues ta vie, que tu vives heureuse, que tu n'essayes pas de me venger, un frère qui risquerait sa vie déjà pour ça, c'est de trop, alors je ne voudrais pas que tu t'implique dans ce genre de choses. Si je ne devais plus être, ce qui me ferait plaisir, c'est que tu continue ta vie, que tu trouve une autre personne à taquiner, voir même un amoureux avec lequel tu pourrais vivre pleinement, je ne voudrais pas que tu me pleures sans arrêt...

Il lui caressa les cheveux. Ses paroles l'avait apaisée, elle songea que s'ils avaient été assis, elle se serait sans doute endormie dans ses bras. Eh oui, à force d'être si énergique, Laïa se fatiguait bien trop aisément... il fallait vraiment qu'elle se calme, enfin, c'était de toute manière trop lui demander. Pourtant, l'eau salée continua de s'écouler de ses yeux déjà meurtris par les précédentes larmes : avoir entendu Lloyd parler était peut-être doux et réconfortant, mais l'entendre parler de sa probable mort, ça, ça l'avait affectée. Elle éclata bientôt en sanglots, se trouvant complètement puérile : jamais elle n'avait pleuré comme ça et pourtant, c'était parti d'une simple mission dont Lloyd était pourtant revenu indemne. Ce n'était que des broutilles et Laïa s'emportait ainsi, pour la première fois elle lâchait ouvertement toute l'inquiétude qui l'avait étreinte jusque là et d'une certaine façon, cela la soulageait amplement. Lloyd soupira, Laïa sentit son souffle chaud, il était bien vivant, il fallait qu'elle arrête de s'en faire. Sa dernière phrase l'avait blessée cependant : trouver un amoureux avec qui elle pourrait vivre ? Elle n'en avait pas besoin. Tout ce dont elle avait besoin, c'était de Lloyd et de son frère. Juste eux, c'étaient là les seuls qui pouvaient se vanter d'avoir autant l'importance à ses yeux.

- Et puis, si ça peut te rassurer, je ne mourrais pas aussi facilement, je te le promets. Je fais toujours en sorte d'avoir un minimum de chance de pertes, et il est hors de question que j'abandonne mes hommes . . . Et toi encore moins . . . Tu sais que je suis prudent pourtant. Et je ne voudrais pas te faire pleurer encore. Si tu veux, pour ma prochaine mission, tu pourras venir et rester à mes cotés. Alors arrête de pleurer et sourit ...

Il l'écarta un peu, séchant ses nouvelles larmes. Elle se calma petit à petit, lui offrant un sourire, car après tout c'était ce qu'il venait de lui demander si gentiment, comment aurait-elle pu refuser ?

- Oui, je veux venir avec toi ! S'exclama-t-elle en se jetant à son cou.

Elle referma l'étreinte de ses bras autour du cou du jeune homme, le prenant au dépourvu, dans un geste impulsif et totalement irréfléchi : c'était là sa façon de fonctionner. Elle souriait d'un immense sourire, ses lèvres étirées jusqu'aux oreilles. Décidément, celle là n'était heureuse que lorsqu'elle avait ce qu'elle voulait. Elle était encore arrivée à ses fins ... elle le lâcha puis le regarda dans les yeux avec une pointe de malice.

- Promis, hein ? La prochaine fois tu me laisses venir ! ... et puis tu sais, je n'ai pas besoin d'un "amoureux"... tant que tu es là, ça me va ! Ajouta-t-elle d'un ton plus que sincère.